Pilier social de l’ESG : pourquoi et comment évaluer l’impact humain des entreprises ?

Par Stéphanie Biron
25 novembre 2024
5 min
Sommaire

Quand on parle d’ESG, on se concentre parfois sur l’impact environnemental des entreprises. Mais leur impact social et humain est tout aussi essentiel.

Conditions de travail, égalité, bien-être des employés, engagement envers les communautés… les entreprises impactent en effet le quotidien de nombreux individus et  jouent un rôle clé dans la promotion d'une société plus éthique, inclusive et juste.

Alors, à quoi correspond exactement cet "impact social" ? Dans cet article, nous explorons les critères qui composent le pilier social de l’ESG ainsi que leurs indicateurs clés, pour comprendre comment les entreprises peuvent mesurer et améliorer leur impact sur la société et leurs parties prenantes.

L’importance de l’impact social des entreprises dans l’ESG

Qu’est-ce que l’impact social des entreprises ?

Le concept a été défini en 2011 par le Conseil Supérieur de l’Économie Sociale et Solidaire (CSESS) de la manière suivante : "L’impact social consiste en l’ensemble des conséquences (évolutions, inflexions, changements, ruptures) des activités d’une organisation tant sur ses parties prenantes externes (bénéficiaires, usagers, clients) directes ou indirectes de son territoire et internes (salariés, bénévoles, volontaires), que sur la société en général.”

Pour aller plus loin, les entreprises peuvent améliorer leur impact social de deux manières : d’une part, en générant des effets positifs, comme le développement de formations professionnelles ou le soutien à des initiatives locales, et d’autre part, en réduisant les éventuels effets négatifs de leurs activités, par exemple en assurant des conditions de travail saines et en appliquant des politiques de non-discrimination.

La performance sociale : un véritable moteur de croissance

L’importance de cet impact humain ne se limite pas à des bénéfices moraux. Il représente un véritable levier économique.

Beaucoup d’études le montrent, par exemple :

  • Une étude du cabinet McKinsey a mis en évidence qu’il existait une corrélation claire entre la diversité (de genre et de culture) et la rentabilité.
  • La diminution des inégalités salariales entre hommes et femmes pourrait ajouter 28 000 milliards de dollars à l'économie mondiale d'ici 2025, selon le World Economic Forum.

Conclusion : les entreprises qui investissent dans leur performance sociale contribuent à une croissance globale durable, tout en renforçant leur propre attractivité.

Quels sont les principaux critères sociaux de l’ESG ?

Les conditions de travail et la sécurité

Garantir un environnement de travail sain et sécurisé pour tous les employés relève de la responsabilité de l’entreprise. Pour évaluer sa performance sur le sujet, il existe de nombreux indicateurs liés par exemple aux politiques de prévention des accidents, aux initiatives liées à la réduction des risques physiques, et à l’instauration d’un cadre de travail ergonomique.

Exemples d’indicateurs :

  • Taux d’accidents du travail par an.
  • Nombre de jours d’arrêt maladie dus aux conditions de travail.
  • Proportion d’espaces de travail ergonomiques et conformes aux normes de sécurité.

Le bien-être et la satisfaction au travail

Ces critères englobent à la fois la santé mentale des employés et leur qualité de vie professionnelle. Mesurer le bien-être et la satisfaction des salariés passe souvent par les indicateurs de risques psychosociaux (RPS) et par les initiatives mises en place pour promouvoir l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, ou les programmes de soutien psychologique.

Exemples d’indicateurs :

  • Taux de satisfaction des employés (mesuré via des enquêtes internes).
  • Taux d’absentéisme.
  • Taux de turnover.

Le développement des compétences

L’évolution professionnelle et la formation continue des employés sont également un critère de performance sociale essentiel en entreprise. L’objectif est alors d’évaluer l’efficacité des programmes de formation, les possibilités d'évolution, et la valorisation des compétences.

Exemples d’indicateurs :

  • Nombre d’heures de formation par employé.
  • Taux de promotion interne.
  • Niveau de satisfaction des employés en matière de développement professionnel.

La diversité et l’inclusion

Les critères de diversité et d’inclusion évaluent la capacité de l’entreprise à favoriser un environnement accueillant pour des employés aux parcours variés (genre, origine, âge, orientation sexuelle, etc.). Ils mesurent l’efficacité des politiques et pratiques permettant à chacun de se sentir valorisé et respecté, ainsi que l’engagement de l’organisation dans la lutte contre les discriminations.

Exemples d’indicateurs :

  • Répartition des employés par genre, origine, et âge au sein de l’organisation.
  • Nombre de programmes de sensibilisation et de formation à la diversité et à l’inclusion.
  • Taux de satisfaction des employés sur le climat inclusif (mesuré via des enquêtes internes).

L’équité salariale

L’équité salariale vise à offrir une rémunération juste et égale pour des postes équivalents, en réduisant les écarts de salaire entre les différents groupes d’employés. Ce critère permet d’évaluer si l’entreprise applique des pratiques salariales transparentes et équitables, en vérifiant que les rémunérations ne présentent pas de disparités fondées sur le genre, l’origine ou tout autre critère discriminant.

Exemples d’indicateurs :

  • Écart salarial moyen entre les genres ou les catégories socio-professionnelles pour des postes similaires.
  • Progression du taux de réduction des inégalités salariales sur plusieurs années.
  • Écart de rémunération médian entre les postes de direction et les postes opérationnels.

L’égalité des opportunités

Elle consiste à offrir à tous les employés les mêmes chances de recrutement, de promotion, et de développement, indépendamment de leur genre, origine, âge, ou handicap. Ce critère permet de mesurer la capacité de l’entreprise à offrir un environnement de travail équitable, en s’appuyant sur des processus de recrutement, d’évaluation, et de promotion justes et sans biais.

Exemples d’indicateurs :

  • Taux de représentation des minorités et des femmes dans les postes de direction.
  • Proportion de postes adaptés aux personnes en situation de handicap.
  • Ratio de femmes et d’hommes ayant reçu une promotion sur une période donnée.

Soutien à des causes sociales

Le soutien à des causes sociales mesure l’implication de l’entreprise dans des projets visant à répondre à des enjeux de société, comme l’éducation, la santé, ou la protection de l’environnement. Ce critère permet d’évaluer la responsabilité sociale de l’entreprise et sa contribution au bien-être général de la société.

Exemples d’indicateurs :

  • Montant annuel des dons ou investissements dans des causes sociales.
  • Nombre de projets sociaux soutenus par l’entreprise (par domaine : éducation, santé, environnement, etc.).
  • Pourcentage des bénéfices réinvestis dans des causes sociales.

Contribution aux communautés locales

La contribution aux communautés locales désigne l’engagement de l’entreprise à soutenir et à participer activement au développement des territoires où elle est implantée. Cela peut inclure des initiatives de sponsoring, des programmes de bénévolat pour les employés, ou des projets de soutien aux infrastructures locales . Ce critère permet d’évaluer l’impact positif de l’entreprise sur son environnement social direct.

Exemples d’indicateurs :

  • Montant des contributions financières aux initiatives locales.
  • Nombre d’heures de bénévolat effectuées par les employés dans la communauté.
  • Nombre de partenariats avec des associations ou des organisations locales.

Transparence et responsabilité sociale

La transparence et la responsabilité sociale reflètent l’engagement de l’entreprise à communiquer de manière ouverte sur ses pratiques sociales et à maintenir un dialogue constructif avec ses parties prenantes (employés, syndicats, clients, fournisseurs, communautés locales…). Cela inclut la publication de rapports sociaux, l’organisation de consultations, et l’accès public à l’information sur les actions et les politiques sociales de l’entreprise.

Exemples d’indicateurs :

  • Fréquence de publication des rapports sociaux (annuels, semestriels).
  • Nombre de consultations ou de réunions avec les parties prenantes sur les questions sociales.
  • Score d'évaluation obtenu lors des audits sociaux.

Le pilier social de l’ESG regroupe donc finalement un très large éventail de critères, allant des conditions de travail à l’égalité salariale, en passant par la diversité et l’engagement envers les communautés locales. Mais une chose est sûre : il invite les entreprises à réinventer le monde du travail de demain.

En plaçant l’humain au cœur de leurs actions, elles peuvent en effet créer des environnements inclusifs, justes et motivants, qui sont non seulement bénéfiques pour ses collaborateurs et la société toute entière, mais aussi de véritables leviers de croissance et de résilience.