Pilier environnemental de l'ESG : quels critères et comment les mesurer ?

Par Stéphanie Biron
25 novembre 2024
5 min
Sommaire

Sous la pression croissante des régulateurs, des consommateurs et des investisseurs, les entreprises sont de plus en plus scrutées sur leur impact écologique.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre, optimiser l’utilisation des ressources énergétiques, favoriser le recyclage… sont autant de critères qui composent ce fameux "E" de l'ESG et redéfinissent la responsabilité environnementale des organisations.

Mais en quoi consistent réellement ces critères environnementaux, et pourquoi sont-ils devenus incontournables dans les stratégies d'entreprise ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

L’environnement : une priorité croissante dans les stratégies ESG des entreprises

Une réponse aux attentes pressantes de la société

Face aux catastrophes climatiques, à l’effondrement de la biodiversité ou encore à l’épuisement des ressources naturelles, la prise de conscience des enjeux environnementaux s’accélère au sein de la société.

Dans ce contexte, les entreprises ne peuvent plus se permettre de rester à l’écart. Elles sont appelées à prendre leurs responsabilités et à faire de la protection de l’environnement une véritable priorité.

C’est en tout cas ce que l’ensemble de leurs parties prenantes attendent d’elles, comme le montrent de nombreuses études :

  • Les salariés seraient 8 sur 10 à préférer rejoindre une entreprise engagée pour la transition écologique, à offre équivalente (selon un sondage du CSA pour l’Ademe).
  • Les investisseurs sont 69% à considérer que les critères ESG, et en particulier environnementaux, font partie de leurs priorités pour créer de la valeur dans leur stratégie d’investissement (d’après une étude de PWC).
  • Les consommateurs sont 86 % à affirmer attendre des marques des solutions aux enjeux environnementaux et sociétaux (selon Kantar Insights).

Les régulateurs, enfin, renforcent constamment les exigences environnementales, imposant aux entreprises de suivre des normes toujours plus strictes et de publier des rapports détaillés sur leur impact écologique.

Des bénéfices concrets pour les entreprises engagées dans la durabilité

S’engager dans une démarche environnementale ne répond pas seulement aux attentes de la société et des régulateurs : c’est aussi un levier de performance et d’innovation pour les entreprises elles-mêmes.

La transition écologique offre en effet de nombreuses opportunités pour les organisations :

  • Réduction des coûts opérationnels : optimiser l’utilisation des ressources, comme l’énergie, les matières premières et l’eau permet non seulement de réduire l’empreinte écologique mais aussi de générer des économies sur le long terme.
  • Impact positif sur la réputation : des initiatives comme la réduction de l’empreinte carbone peuvent permettre d’améliorer l’image de l’entreprise, auprès des consommateurs et des talents.
  • Accès facilité aux financements : les entreprises qui intègrent la durabilité se rendent plus attractives pour les financements et bénéficient de meilleures perspectives de croissance.
  • Stimulation de l’innovation : la transition écologique pousse les entreprises à développer de nouveaux produits et services durables, créant ainsi des sources de revenus innovantes et se positionnant en pionnières sur le marché.

En intégrant la durabilité à leur stratégie, les entreprises ne font donc pas qu’éviter des risques : elles saisissent aussi des opportunités de croissance, de rentabilité, et de différenciation.

Les principaux critères environnementaux de l’ESG

L’empreinte carbone

L’empreinte carbone est un indicateur au cœur de la lutte contre le changement climatique, qui vise à mesurer l’impact d’une activité sur l’environnement, en particulier les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à cette activité. L’évaluation de ce critère passe par l’établissement d’un bilan carbone, par le suivi des objectifs de réduction et par la mesure de la part de sources d’énergies renouvelables.

Exemples d’indicateurs :

  • Tonnes de CO2 (ou équivalent CO2) émises par an.
  • Intensité carbone (quantité de CO2 émise par unité de production ou ramenée au chiffre d'affaires).
  • Pourcentage de réduction des émissions de CO2 par rapport à une année de référence.

L’efficacité énergétique

L’efficacité (ou efficience) énergétique est le rapport entre la quantité d'énergie produite et l'énergie consommée par l’entreprise. Elle vise à mesurer la réduction des gaspillages et des consommations inutiles, et l’efficacité des initiatives comme l’installation de systèmes de gestion de l’énergie, le remplacement  des équipements énergivores par des solutions plus performantes, ou encore l’optimisation de l’isolation des bâtiments.

Exemples d’indicateurs :

  • Consommation énergétique totale (en kWh) par an.
  • Intensité énergétique (kWh consommés par unité produite ou par m² de bureaux).
  • Pourcentage d’énergie renouvelable dans la consommation totale.

La gestion des ressources naturelles

Ce critère vise à évaluer dans quelle mesure une entreprise utilise les ressources comme l’eau et les matières premières de manière responsable, c’est-à-dire en évitant leur épuisement et/ou en minimisant l’impact de leur production. Il analyse la consommation d’eau, le recours aux matériaux recyclés ou renouvelables, ou encore la mise en place de systèmes de gestion plus responsables des ressources.

Exemples d’indicateurs :

  • Volume d’eau consommée par an (en m³).
  • Intensité d’utilisation de l’eau (quantité d’eau utilisée par unité produite ou rapportée au chiffre d'affaires).
  • Proportion de matières premières renouvelables utilisées dans la production.

La préservation de la biodiversité

La préservation de la biodiversité recouvre toutes les initiatives qui visent à protéger les espèces et les écosystèmes qui sont essentiels à l’équilibre de la nature et aux processus écologiques, comme la pollinisation. Ce critère évalue des initiatives comme la protection des habitats naturels, la mise en place de projets de restauration écologique et la gestion durable des sols.

Exemples d’indicateurs :

  • Surface de terres protégées ou restaurées (en hectares).
  • Nombre d’espèces protégées ou menacées présentes sur les sites de l’entreprise.
  • Nombre d’espèces invasives contrôlées ou éliminées sur les sites de l’entreprise.

La gestion des déchets

Ce critère consiste à évaluer la quantité de déchets générés par l’entreprise, et son niveau d’engagement en faveur de l’économie circulaire, qui vise à prolonger la vie des matériaux par le recyclage et la réutilisation. Il mesure notamment la réduction des emballages, l’optimisation des processus de production pour limiter les déchets, ou encore la mise en place de programmes de recyclage.

Exemples d’indicateurs :

  • Quantité totale de déchets générés par an (en tonnes).
  • Taux de recyclage des déchets.
  • Pourcentage de produits récupérés en fin de vie pour le recyclage ou la réutilisation.

La gestion des risques climatiques

Ce critère se concentre sur la préparation et la résilience de l’entreprise face aux impacts des changements climatiques, comme les inondations, les sécheresses, ou les incendies. Il évalue notamment le niveau d’avancement de l’entreprise en matière d’analyse des vulnérabilités, de mise en place de plans d’urgence, et d’adaptation des infrastructures pour résister aux aléas climatiques.

Exemples d’indicateurs :

  • Pourcentage de sites disposant d’un plan de résilience climatique.
  • Proportion de la chaîne logistique adaptée aux risques climatiques.
  • Coût estimé des risques climatiques potentiels pour l’entreprise.

En somme, les critères environnementaux de l’ESG fournissent aux entreprises un cadre structuré pour réduire leur impact écologique et contribuer ainsi activement à la transition écologique mondiale.

Que ce soit par la réduction de l’empreinte carbone, la gestion responsable des ressources, ou la résilience climatique, chaque critère permet aux entreprises de traduire leurs engagements en actions mesurables et impactantes, pour construire un modèle résilient, prêt à répondre aux enjeux de demain.