Transport, consommation d’énergie, production… Quelle que soit leur taille ou leur secteur, toutes les entreprises émettent des gaz à effet de serre. Mais comment mesurer précisément l’empreinte carbone de son organisation ? Et surtout, comment la réduire efficacement ?
C’est tout l’enjeu du bilan carbone : un diagnostic complet des émissions générées, devenu incontournable face à l’urgence climatique et aux nouvelles réglementations.
Dans cet article, nous allons voir pourquoi cette démarche est essentielle et comment la mettre en place concrètement.
À quoi correspond l’empreinte carbone d’une entreprise ?
L’empreinte carbone d’une entreprise représente l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par son activité, qu’elles soient directes ou indirectes. Elle s’exprime en équivalent CO₂ (CO₂e) et permet d’évaluer l’impact environnemental global d’une organisation.
Plus l’empreinte carbone d’une entreprise est élevée, plus cette dernière contribue au réchauffement climatique en intensifiant l’effet de serre, responsable de dérèglements climatiques majeurs : vagues de chaleur, événements météorologiques extrêmes, montée des eaux… Autant de risques qui affectent la planète, mais aussi l’économie et les entreprises elles-mêmes.
D’où proviennent les émissions de gaz néfastes pour l’environnement ? On les classe généralement en trois catégories, appelées “scopes” :
- Scope 1 : les émissions directes.
Ce sont celles que l’entreprise produit elle-même, par exemple via sa flotte de véhicules ou ses installations industrielles.
- Scope 2 : les émissions liées à l’énergie.
Elles proviennent de l’électricité, du chauffage ou de la climatisation utilisée pour faire tourner l’entreprise.
- Scope 3 : les émissions indirectes.
C’est la catégorie la plus vaste, qui inclut tout ce que l’entreprise ne contrôle pas directement mais dont elle dépend : fabrication des matières premières, transport des marchandises, utilisation des produits par les clients, gestion des déchets…
À noter que le CO₂ n’est pas le seul gaz pris en compte dans le calcul de l’empreinte carbone. D’autres gaz à effet de serre, comme le méthane (CH₄), les hydrofluorocarbures (HFC) ou encore le protoxyde d’azote (N₂O), contribuent aussi au réchauffement climatique. Mais pour simplifier les comparaisons, toutes ces émissions sont converties en CO₂e dans le cadre d’un bilan carbone.
Pourquoi réaliser un bilan carbone de son entreprise ?
Une obligation réglementaire pour certaines organisations
La loi Grenelle II a introduit en 2010 l’obligation, pour certaines organisations, de réaliser un bilan de leurs émissions de gaz à effet de serre (BEGES). Cela concerne :
- Les entreprises de plus de 500 salariés en métropole et les entreprises de plus de 250 salariés en outre-mer (le bilan doit être réalisé tous les 4 ans).
- Les services de l’État, les collectivités territoriales de plus de 50 000 habitants, les établissements publics et autres personnes morales de droit public de plus 250 agents (le bilan doit être réalisé tous les 3 ans).
Cette disposition a été codifiée dans l'article L.229-25 du Code de l'environnement.
La réglementation sur le BEGES a ensuite évolué pour renforcer les obligations des organisations. Par exemple, le décret n° 2022-982 du 1ᵉʳ juillet 2022 a élargi le périmètre des émissions à prendre en compte, incluant désormais les émissions indirectes significatives (Scope 3).
Les sanctions en cas de non-respect de ces obligations ont également été renforcées : une entreprise ne réalisant pas ou ne transmettant pas son BEGES s'expose aujourd’hui à une amende pouvant atteindre 50 000 €, et jusqu'à 100 000 € en cas de récidive.
À partir de 2025, suite à l’entrée en application de la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), toutes les entreprises de plus de 250 salariés et les PME cotées en bourse seront elles aussi bientôt tenues de réaliser un bilan carbone, à intégrer à leur rapport de durabilité.
Une démarche stratégique pour toutes les entreprises
Au-delà de l’enjeu réglementaire, réaliser un bilan carbone est une démarche qui se révèle bénéfique à plusieurs niveaux. C’est en effet l’opportunité pour l’entreprise de :
- Réduire ses coûts et optimiser ses ressources : l’empreinte carbone est souvent révélatrice d’inefficiences : surconsommation énergétique, transports mal optimisés, gaspillage de matières premières… Identifier ces points faibles, c’est une opportunité de réaliser des économies durables.
- Répondre aux attentes du marché : clients, investisseurs, partenaires… Tous sont de plus en plus attentifs aux engagements environnementaux des entreprises. Une empreinte carbone maîtrisée impacte favorablement l’image de l’entreprise, devenant un avantage concurrentiel et un critère décisif dans les appels d’offres ou les levées de fonds.
- Anticiper les risques et renforcer sa résilience : taxe carbone aux frontières, fluctuation des prix de l’énergie, raréfaction des ressources… Autant de contraintes qui vont peser sur les entreprises dans les années à venir. Prendre les devants, c’est éviter de subir ces évolutions et sécuriser son activité.
- S’engager concrètement dans la transition écologique : au-delà des opportunités économiques, réduire son empreinte carbone, c’est contribuer à limiter le réchauffement climatique. Un enjeu de plus en plus structurant pour l’image et la crédibilité des entreprises.
Comment réaliser le bilan carbone de son entreprise ?
Les 6 étapes clés pour élaborer son reporting carbone
Réaliser un bilan carbone nécessite de suivre un processus structuré qui repose sur une méthodologie précise et des outils adaptés. Voici les grandes étapes pour y parvenir efficacement :
1. Définir le périmètre du bilan carbone
Avant de commencer, il faut délimiter le champ d’analyse :
- Quels sites, filiales ou activités sont concernés ?
- Quel périmètre d’émissions prendre en compte ? (Scope 1, 2 et 3)
- Quelle période d’analyse ? (il s’agit généralement une année complète)
Plus ce cadrage est précis, plus le bilan carbone sera représentatif et exploitable.
2. Collecter les données d’activité
Un bilan carbone repose sur des données concrètes. Il faut donc rassembler toutes les informations permettant de quantifier les émissions :
- Consommation énergétique (électricité, gaz, fioul…)
- Achats de matières premières et de services
- Déplacements professionnels et transport de marchandises
- Gestion des déchets et utilisation des produits vendus
L’enjeu est d’être exhaustif et rigoureux pour obtenir une estimation fiable.
3. Convertir les données en émissions de CO₂e
Une fois les données collectées, elles doivent être converties en équivalent CO₂ (CO₂e) à l’aide de facteurs d’émission. L’ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) a publié en 2004 une méthodologie de quantification appelée Bilan Carbone®, considérée comme la référence. Cette étape permet d’obtenir une vision claire, quantifiée et détaillée des émissions générées.
4. Analyser et interpréter les résultats
Le bilan carbone ne se limite pas à un chiffre global. L’analyse doit permettre de comprendre où se situent les principaux postes d’émissions et d’identifier les axes d’amélioration :
- Quelles sont les plus grandes sources d’émissions ?
- Quelles actions de réduction sont possibles ?
- Quels changements sont les plus rentables et impactants ?
C’est cette étape qui transforme le bilan carbone en véritable outil de décision.
5. Mettre en place un plan d’action
L’objectif final est d’agir. Un bon bilan carbone doit donc déboucher sur un plan de réduction des émissions, avec des actions adaptées à l’entreprise :
- Optimiser la consommation d’énergie (isolation, équipement plus performant, énergies renouvelables…)
- Réduire l’impact du transport (flotte de véhicules électriques, logistique optimisée…)
- Favoriser une supply chain plus responsable (choix des fournisseurs, circuits courts…)
- Sensibiliser les collaborateurs aux éco-gestes
Une fois ce plan défini, il est essentiel de suivre l’évolution des émissions dans le temps pour mesurer l’impact des actions mises en place et ajuster la stratégie si nécessaire.
6. Publier le bilan carbone
Pour les entreprises soumises au BEGES réglementaire, la publication du bilan carbone sur le site de l’ADEME est obligatoire, accompagnée d’un plan de réduction des émissions.
Mais au-delà des exigences légales, communiquer sur son empreinte carbone permet de gagner en transparence, de répondre aux attentes des parties prenantes et de valoriser ses engagements environnementaux. Un bilan carbone non publié reste un simple chiffre ; partagé et exploité, il devient au contraire un véritable levier stratégique.
Des outils, ressources et partenaires pour faciliter la démarche
Réaliser un bilan carbone peut sembler complexe à première vue, mais de nombreux outils et experts sont là pour accompagner les entreprises :
- L’ADEME propose des calculateurs et bases de données pour estimer les émissions de son entreprise, ainsi qu’un guide détaillé de la méthode Bilan Carbone®.
- Certains cabinets de conseils et bureaux d’études spécialisés proposent un accompagnement sur-mesure et des recommandations adaptées à chaque secteur.
- Et enfin, il existe des outils digitaux qui permettent de réaliser un bilan carbone. C’est notamment le cas de solutions logicielles qui automatisent la collecte et l’analyse des données liées aux émissions de gaz à effet de serre. Mais pour prendre en compte l’empreinte carbone dans l’ensemble du pilotage stratégique, une plateforme plus complète comme Auxo Dynamics permet d’agréger, analyser et comparer ces données au service de la prise de décision business.
Une chose est sûre : s’entourer des bons outils et partenaires permet d’obtenir des résultats fiables, de gagner du temps et surtout, d’agir efficacement pour réduire son empreinte carbone.